La sève de bouleau à travers les âges et dans le monde

Consommation

Depuis des siècles et dans de nombreux pays nordiques, la consommation de sève de bouleau est une pratique traditionnelle. La sève de bouleau constituait une source de nourriture conséquente à la suite d’hivers rigoureux pour quelques peuples autochtones. Ainsi, dans différentes régions du monde, la sève de bouleau était et est encore, utilisée à des fins médicinales, en prévention ou dans le traitement de diverses maladies.

 

En Amérique du Nord

Même si sa consommation n’est pas très répandue, à la différence de celle de l’érable dont la teneur en sucre est plus élevée, son utilisation était principalement axée dans une pratique médicinale : les Amérindiens (Thompson) de la Colombie-Britannique, la consommaient pour combattre le rhume et la toux (Turner et al. 1990), ainsi que d’autres peuples au Canada, et dans le nord des Etats-Unis (Moerman 1998). Quant aux Tanainas, en Alaska, ils appliquaient la sève de bouleau fraîche sur les furoncles et les plaies, afin d’en atténuer la douleur et de prévenir les infections (Kari 1977).

 

Au Japon

Au nord du pays le peuple Ainu l’utilisait en cas d’hypertension, de problèmes urinaires et de goutte, mais aussi comme tonique et comme un produit favorisant un bon état de santé général. Chaque printemps, un festival était dédié à la sève de bouleau. Aujourd’hui on la considère comme un élément tonique dans un régime alimentaire sain.

 

En Chine

Selon la pharmacopée chinoise, la sève de bouleau contribue à un soulagement contre le rhume, à une réduction de l’expectoration, à une atténuation des problèmes de néphropathie, goutte et scorbut. Dans le Great Compendium of Herbs (Liu Zhiwei 2001), la sève de bouleau favoriserait l’appétit, aiderait à la digestion et combattrait les symptômes de la fatigue en améliorant l’état de santé général.

 

Riche en minéraux, calcium, magnésium et potassium, indispensables à l’activité cérébrale, la consommation fréquente de sève peut aider dans la prévention et le traitement des maladies cardio-cérébro-vasculaires telles que le diabète, l’hypertension… Du fait de la présence de métabolites alcalins dans la sève de bouleau, l’acide lactique peut être neutralisé : ce qui peut avoir une véritable incidence dans le traitement de la fatigue, de l’œdème, de plusieurs maladies de la vessie et des reins, et sur la mauvaise circulation. Ils interviennent également dans la prévention de formation de « pierres » aux reins, dans le renforcement du système immunitaire et la guérison de la quasi totalité des affections cutanées, y compris les pellicules (Zhang et al.2002). La sève de bouleau constitue l’élément draîneur de l’élément Eau de la médecine chinoise.

 

En Estonie

Se nettoyer le visage avec de la sève de bouleau demeure une pratique traditionnelle reconnue pour maintenir une peau propre et un teint équilibré, exempt de taches de rousseur et en prévention des maladies de la peau (Hilemäe 1996).

 

En Pologne

L’Oskola , boisson pour le moins alcoolisée à base de sève de bouleau fermentée, favoriserait la repousse des cheveux (Knab1995).

 

En Finlande

Aujourd’hui encore, on fait généralement usage de la sève de bouleau dans le traitement de la goutte, des rhumatismes, de l’inflammation urinaire, des problèmes rénaux, du scorbut. La consommer permet de lutter contre la fatigue printanière et le rhume, de soulager la douleur des articulations, de prévenir les maux de tête, migraines, et contribuer à soigner les ulcères ou autres problèmes d’estomac. La consommer supprime la sensation de faim et favorise la perte de poids (Maaranen et Maaranen 2003). Il semblerait qu’elle aide aussi à combattre les symptômes d’allergie au pollen de bouleau ainsi que ceux de la sclérose en plaques. L’usage en était fait dans la médecine traditionnelle pour traiter les problèmes de vessie et de vers parasites.

 

La sève de bouleau était recommandée pour le traitement des vers, des maux et douleurs dus au rhume et à un environnement humide, des problèmes associés aux reins, vessie, calcul biliaire et rhumatisme, selon The Finnish Peasant’s Home Doctor, livre de médecine de 1839. La boire offrirait une protection contre la tuberculose et le rachitisme et constitue une croyance encore répandue.

 

En Europe et en France

Pour la première fois au XIIe siècle Hildegarde de Bingen l’évoque pour les ulcères. Les écrits du Chanoine de Ratisbonne, Conrad de Megenberg, mentionnent l’eau de bouleau, en 1350. Quant au médecin Mattioli (Pietro Andrea), médecin et naturaliste siennois, il écrit en 1565: « Si on perce le tronc du bouleau avec une tarière, il en sort une grande quantité d’eau laquelle a grande propriété et vertu à rompre la pierre tant aux reins qu’en la vessie si on continue d’en user. Cette eau ôte les taches du visage et rend la peau charnue et belle. Si on s’en met dans la bouche, elle guérit les ulcères qui sont dedans.»

 

Au XIXème siècle, le Baron Pierre-François Percy chirurgien des armées de Napoléon stipulait que rarement les maladies de peau, les boutons, dartres, couperoses ne lui résistaient. De même que son utilisation était efficace en cas d’affection rhumatismale, de goutte, de problème de vessie, et autres maladies chroniques pour lesquelles la science médicale n’avait pas encore de traitement (Philippe Andrianne 2000).